Cote et valeur des oeuvres, affiches, peintures de Jules Chéret

Pionnier de l’art de l’affiche, peintre, lithographe et décorateur, Jules Chéret (1836-1932) a joué un rôle décisif dans l’avènement de la publicité commerciale et culturelle. Surnommé par ses contemporains « le roi de l’affiche », Jules Chéret s’exprime par un art populaire et fait de l’affiche une véritable révélation artistique.

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Cote et valeur de l’artiste

Très prisées par les collectionneurs du monde entier, les affiches de Jules Chéret ont la cote aux enchères.

Le prix auquel elles se vendent aux enchères s’échelonne entre 20 et 145 000€, un delta conséquent mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée aux œuvres de Jules Chéret.

Ainsi, une œuvre signée de sa main peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros comme en témoigne sa gouache sur papier La Danse, adjugée 145 000 € chez Bailly Pommery-Voutier en 2005. 

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Style et technique de Jules Chéret

Le style et la technique de Jules Chéret, souvent qualifié de « père de l’affiche moderne », traduisent une révolution dans l’art de la communication visuelle à la fin du XIXe siècle.

Comment, dans un paysage encore dominé par l’imagerie gravée et monochrome, parvient-il à imposer une esthétique où couleur et mouvement se fondent pour captiver le regard ?

Chéret, en maître de la lithographie en couleur, exploite les possibilités offertes par ce procédé pour mêler audace chromatique et fluidité du trait.

Ses compositions, où la figure féminine occupe souvent une place centrale, s’organisent autour de lignes courbes et dynamiques, conférant à ses affiches une vitalité quasi théâtrale.

À l’instar des impressionnistes, il adopte une palette vive, jouant des contrastes lumineux pour donner à ses œuvres une impression de légèreté et d’effervescence.

Cependant, là où ces derniers cherchent à capter les variations fugaces de la lumière, Chéret s’attache à l’éclat immédiat, au charme instantané qui attire l'œil dans les rues encombrées.

Ses figures, souvent dansantes ou en pleine action, semblent défier la fixité de la page imprimée, traduisant une modernité joyeuse et festive, propre à l’esprit de la Belle Époque.

Comme le souligne un critique contemporain, Chéret réussit à « élever l’affiche au rang d’art tout en conservant son essence populaire », une synthèse rare où la technique virtuose s’efface au profit de l’émotion visuelle.

La vie de Jules Chéret

La vie de Jules Chéret, né à Paris en 1836, s’inscrit dans une trajectoire où l’art et l’artisanat se rencontrent pour redéfinir les contours de la création graphique. Issu d’un milieu modeste, il découvre très tôt le monde de la lithographie, apprenant à maîtriser une technique encore en quête de reconnaissance.

En 1859, un séjour à Londres marque un tournant décisif : il y étudie les innovations anglaises en matière d’impression en couleur, absorbant l’influence des chromolithographies anglaises qui privilégient vivacité et clarté.

« Tout était à réinventer », dira-t-il plus tard de son retour à Paris, où il entreprend de libérer l’affiche de son rôle purement informatif.

Dès les années 1860, Chéret s’impose comme le pionnier de l’affiche moderne, alliant virtuosité technique et audace visuelle. Ses compositions se démarquent par une recherche de légèreté, une palette vibrante, et un trait fluide qui confère à ses figures féminines, souvent appelées « Chérettes », une grâce jubilatoire.

Ce mariage de l’esthétique et du fonctionnel révolutionne la perception de l’art graphique, au point qu’il est parfois qualifié de « père de l’affiche artistique ». À la fin du XIXe siècle, son succès est tel qu’il devient une figure incontournable de la Belle Époque, son influence rayonnant bien au-delà du domaine publicitaire.

L’héritage de Jules Chéret dans son siècle

L’héritage de Jules Chéret s’inscrit au cœur de la Belle Époque, redéfinissant le statut de l’affiche comme œuvre d’art à part entière. En métamorphosant un support utilitaire en une véritable scène graphique, il ouvre la voie à des générations d’artistes qui trouvent dans ses compositions un modèle d’élégance et d’innovation.

Son style, qui mêle spontanéité du trait et éclat des couleurs, contribue à démocratiser l’art en le rendant accessible sur les murs de la ville.

Ce sont ses « Chérettes », incarnations de la joie de vivre et de la féminité triomphante, qui marquent durablement l’imaginaire collectif, en faisant de l’affiche un miroir des aspirations modernes.

Chéret ne se contente pas d’inspirer ; il institue, par son œuvre prolifique et son rôle de passeur, un langage visuel qui influencera des courants tels que l’Art nouveau.

Des figures comme Toulouse-Lautrec, Mucha ou Bonnard trouvent dans son approche un point de départ, reprenant à leur manière cette exaltation du mouvement et de la lumière.

En popularisant l’art lithographique et en élevant l’affiche au rang de médium artistique, il trace un sillon profond dans l’histoire des arts décoratifs, témoignant d’une modernité qui continue de résonner bien après son siècle.

Focus sur Les folies bergères, Jules Chéret

Dans son affiche pour les Folies-Bergère, Jules Chéret déploie un éclat visuel qui synthétise l’essence même de son art : une célébration effervescente du spectacle et de la modernité.

Dominée par une figure féminine radieuse – emblématique de ses célèbres « Chérettes » – l’affiche capte immédiatement le regard par sa composition en spirale, qui guide l’œil dans un tourbillon d’énergie et de lumière.

La femme, vêtue d’une robe légère aux tons vifs, semble suspendue dans un moment de pure exubérance, évoquant à la fois la liberté et la sensualité.

Ce choix de représentation n’est pas anodin : Chéret élève ici la figure féminine en icône de la joie urbaine, reflet d’une société en pleine mutation où le divertissement devient une pierre angulaire de la culture populaire.

Sur le plan technique, Chéret maîtrise avec une virtuosité rare l’art de la lithographie polychrome. Contrairement aux affiches contemporaines souvent limitées à une gamme restreinte de couleurs, il introduit des teintes vibrantes et des dégradés subtils, conférant à l’œuvre une luminosité presque picturale.

Les aplats de couleur se mêlent aux lignes fluides du dessin, créant une texture visuelle qui évoque à la fois la spontanéité d’une esquisse et la richesse d’un tableau fini. Ici, la lumière semble émaner de la composition elle-même, amplifiée par l’usage d’un fond clair qui contraste avec les nuances éclatantes du personnage central. Cette technique, révolutionnaire pour l’époque, offre à l’affiche une qualité immersive qui dépasse sa fonction première de communication.

Ce dynamisme visuel trouve un écho dans l’esthétique des affichistes qui suivront, notamment Alphonse Mucha et Henri de Toulouse-Lautrec, mais il s’en distingue par sa célébration décomplexée de la gaieté.

Là où Mucha introduira des motifs plus stylisés et structurés, et où Lautrec s’attachera à des scènes intimistes empreintes d’une certaine mélancolie, Chéret privilégie un langage universel, direct, presque jubilatoire. Son art ne cherche pas à analyser ou à déconstruire, mais à amplifier la vie dans toute sa spontanéité. 

L’affiche Les folies bergère illustre également l’aptitude de Chéret à incarner l’esprit de la Belle Époque. En magnifiant les lieux de divertissement de Paris, il contribue à ancrer la ville comme épicentre culturel de son temps.

La figure féminine, omniprésente dans ses œuvres, n’est pas qu’une simple ornementation : elle devient le symbole d’une modernité empreinte de légèreté, d’une société tournée vers l’avenir mais profondément enracinée dans le plaisir de l’instant.

On pourrait comparer ce rôle central des femmes dans son iconographie à celui qu’elles occupent dans les œuvres d’Auguste Renoir, où elles incarnent également une vision idéalisée de la vie.

Toutefois, chez Chéret, cette féminité se déploie dans un contexte spécifiquement urbain et dynamique, en phase avec l’énergie électrique de la vie parisienne. 

En définitive, Les folies bergère dépasse le cadre de l’affiche publicitaire pour s’imposer comme une célébration de la fête, de la couleur et de la modernité.

En conjuguant virtuosité technique et impact émotionnel, Jules Chéret signe ici une œuvre qui demeure un jalon majeur de l’art graphique, tout en incarnant l’insouciance et la vitalité d’une époque.

Sa signature

Les œuvres de Jules Chéret ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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