Cote et valeur des oeuvres, dessins, peintures de Marc Chagall

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Cote et valeur de l’artiste 

Artiste majeur du XXème siècle, Marc Chagall connait déjà une grande reconnaissance de son vivant. Sur le marché de l’art actuel, ses œuvres ont une cote élevée et ascendante.

Très prisés, les thèmes les plus recherchés par les collectionneurs sont les représentations mythologiques et religieuses. Les prix auxquels ses oeuvres se vendent sur le marché des enchères s'échelonnent entre 10 et 21 432 500€, un écart considérable mais qui en dit long sur la valeur qui peut être attribuée à ses oeuvres.

Une œuvre signée Chagall peut atteindre des dizaines de millions d’euros aux enchères. Son tableau Les amoureux a été adjugé pour plus de 21 millions d’euros en 2017.

Ordre de valeur allant d’une œuvre “d’après” Marc Chagall à une œuvre “authentique” de Marc Chagall

Style et technique de Marc Chagall

L’œuvre de Marc Chagall se caractérise particulièrement pour son onirisme et sa poésie. Il construit un langage visuel propre à lui, où réel et imaginaire se mélangent. Il utilise beaucoup de figures flottantes, d’animaux fantastiques et de scènes de vie villageoises qu’il transforme en visions féériques.

Sa vision de la couleur est vibrante et expressive – il construit une palette intense, très saturée de rouges, bleus (la récente exposition au musée Albertina de Vienne le démontre). Son utilisation de la couleur est assez instinctive, pas pour représenter la réalité mais pour transmette une émotion et une atmosphère.

Les influences de Chagall sont multiples : son style mélange à la fois les traditions populaires juives, le cubisme, certains éléments du surréalisme mais aussi l’art naïf. Il arrive très rapidement à développer une identité stylistique propre.

Sa perspective est éclatée et libre : Chagall déconstruit l’espace conventionnel en juxtaposant des scènes et en bouleversant de manière assez nette la perspective. Les personnages qu’il représente semblent flotter, défiant ainsi la gravité, et permettant ainsi de renforcer le côté onirique de ses compositions.

La ligne qu’il utilise est fluide et expressive, et son trait, qui se veut à la fois précis et spontané, oscille entre la naïveté du dessin populaire et une grande maîtrise du contour. Chagall partage son énergie entre le dessin et la couleur, et équilibre par conséquent l’ensemble de ses compositions avec subtilité.

Les techniques qu’il utilise sont mixtes et variées : en dehors de la peinture, il produit des gravures, de la mosaïque mais aussi des vitraux (comme dans la cathédrale de Metz, par exemple, mais aussi en Provence). Il est très sollicité pour les commandes qui concernent ce médium dans les années 1960.

Il pratique aussi la mosaïque, mais adapte toujours son style aux supports sur lesquels il doit travailler, en veillant à conserver son identité visuelle immédiatement reconnaissable. Son langage est universel et chargé de symboles, qu’il insère de manière récurrente dans ses compositions.

Entre fiancés entrelacés, coqs colorés et violonistes célestes, il traduit un monde à la dois personnel et visuel, qu’il charge de spiritualité et de nostalgie.

La vie de Marc Chagall

Marc Chagall naît en Biélorussie en 1887. Très tôt, le jeune Chagall se passionne pour le dessin et commence son apprentissage en Russie.

En 1910, Chagall arrive à Paris et découvre la richesse des artistes avant-gardistes. Très vite, le jeune peintre se lie d'amitié avec les principaux artistes de l'époque tels que les Delaunay, de la Fresnaye, de Gleizes, ou encore de Metzinger. Il est aussi influencé par Henri Rousseau.

Chagall puise son inspiration dans le mouvement fauviste pour les couleurs, mais il s'inspire également du cubisme et de la conception luministe de Delaunay.

Chagall expose au Salon des Indépendants en 1912 et 1913.

La guerre le force à rentrer dans son pays natal, où il devient commissaire des Beaux-Arts de Vitebsk, mais ses pratiques artistiques sont mal comprises, ce qui le pousse à partir. Il s'installe à Moscou en 1920 et travaille pour le Théâtre juif. Il crée des œuvres fantastiques inspirées du futurisme et du cubisme.

De retour en Europe, Chagall découvre la gravure à Berlin. L’artiste reçoit des commandes pour son travail dès son retour à Paris en 1923. En 1937, Chagall reçoit la nationalité française, mais la guerre le force à s'exiler à New York

Là- bas, Chagall crée des décors et des costumes pour "L'oiseau de feu" et obtient une renommée internationale après la guerre. Cette période américaine est marquée par l'angoisse de la guerre et du sort des juifs.

A partir des années 50, Chagall rentre en France. Son art s'étend à d’autres domaines. Il réalise des œuvres en céramique, des vitraux, des sculptures, … ainsi qu’une fresque pour l'Opéra Garnier.

Focus sur Le sacrifice d’Isaac (Chagall et Caravage – mise en perspective)

Dans toute sa production, et étant donné qu’il reçoit de nombreuses commandes de l’Église, Chagall est amené à traiter des sujets bibliques. C’est le cas avec le Sacrifice d’Isaac, exploré par de nombreux géants de la peinture avant lui, dont le Caravage.

Le Caravage (1571 – 1610), réalise son sacrifice d’Isaac entre 1598 et 1603. Dans sa vision, il adopte un certain naturalisme, sans pour autant que la représentation soit dénuée de tout surnaturel. La scène est tendue, figée dans un instant critique où l’ange arrête la main d’Abraham.

L’expression se veut saisissante et dramatique, surtout celle de la terreur d’Isaac, représenté la bouche entrouverte dans un cri silencieux, qui pourrait à lui seul renfermer toute l’intensité dramatique de la composition.

Chagall réalise quant à lui son Sacrifice d’Isaac en 1966, en proposant une interprétation symbolique et mystique de la scène. Loin du traitement « réaliste » et dramatique du Caravage, il choisit de transformer l’épisode biblique en une vision lyrique – qui se veut emplie de couleurs assez vives et de figures violentes.

Au-delà du récit religieux, Chagall y insuffle une vision personnelle, qu’il nourrit aussi de l’histoire juive et de son propre vécu.

Le Caravage reste fidèle à son usage du clair-obscur, et plonge la scène dans une lumière contrastée, qui vient frapper les visages et les corps afin d’accentuer la tension dramatique.

Les tons choisis sont chauds, surtout terreux, proches des réalistes qui viendront ensuite. Ces nuances permettent de renforcer l’impression d’une scène tangible. Le Caravage prête attention au moindre détail, de la barbe d’Abraham jusqu’aux veines saillantes du cou d’Isaac, le rendu devenant quasi théâtral.

Chagall, à l’opposé, préfère une lumière diffuse et une palette assez éclatante. Ses rouges, comme à son habitude, sont volontairement intenses, les bleus profondes et les jaunes naturellement lumineux donnent une dimension spirituelle évidente à la scène.

Sa composition n’est pas ancrée dans une réalité physique mais dans une atmosphère onirique et intemporelle, où le sacrifice d’Isaac sert à traduire la souffrance humaine et le destin du peuple juif.

Dans la toile du Caravage, les corps sont sculptés par la lumière et se veulent expressifs jusqu’à l’extrême. Abraham, représenté comme l’usage le veut sous les traits d’un vieillard barbu, et tient son fils violemment, pendant qu’Isaac se débat, le visage marqué par l’angoisse.

L’ange représenté derrière intervient avec énergie, ses ailes sont visibles – permettant de ne pas supprimer tout élément surnaturel de la scène. Il stoppe l’action de manière assez impérieuse et naturelle.  

Chez Chagall, les figures sont très stylisées – il utilise un traitement presque abstrait. Isaac et Abraham semblent flotter, et leur expressivité est davantage intériorisée que physique. L’ange ne se limite pas à un rôle d’intercesseur, il devient une figure protectrice qui donne une aura sacrée à la scène.

Le Caravage met en avant le sacrifice dans toute sa violence, à la fois physique et psychologique. L’histoire est racontée comme une épreuve de foi, ou l’homme est mis à l’épreuve de Dieu. La présence du bélier, qui symbolise la substitution, ancre le message théorique du salut et de la rédemption.

La version de Chagall dépasse en revanche le simple récit biblique. Son sacrifice d’Isaac devient une métaphore du déracinement et de la souffrance historique – et fait primer l’émotion sur la narration littérale.

Ainsi, les deux œuvres offrent une vision différée et différente d’un même épisode biblique. Tandis que le traitement du Caravage est assez réaliste et met l’accent sur le drame, Chagall a un traitement plus personnel. L’un veut sa représentation physique et psychologique, l’autre spirituelle et historique. Deux esthétiques, deux sensibilités.

Sa signature

Les œuvres de Marc Chagall ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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