Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Jacques Monory

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Cote et valeur de l’artiste

Figure artistique importante de son époque, Jacques Monory s’impose comme une valeur sûre du marché de l’art. En constante évolution, sa cote reste élevée et ses œuvres se vendent à l'international.

En salle des ventes, ses toiles inscrites dans le mouvement de la figuration narrative, peintes dans les années 1960, sont les plus recherchées et donc prisées. Les aquarelles suscitent également un engouement auprès des collectionneurs.

Ainsi, une œuvre signée Monory peut se vendre une centaine de milliers d’euros aux enchères comme en témoigne sa composition réalisée à l’aide de techniques mixtes, Meurtre n°v, datant de 1968 et adjugé 100 000 € en 2012, tandis qu’elle était estimée entre 80 000 et 90 000€.

 Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Style et technique de l’artiste

Jacques Monory développe une peinture où l’image, toujours fragmentée, semble capturée dans un instant suspendu, comme une scène de film arrêtée net.

Il travaille principalement à l’huile, mais intègre aussi des techniques mixtes, notamment la photographie, qu’il retravaille sur toile, jouant sur les contrastes entre réalité et fiction.

Son utilisation systématique de la monochromie, en particulier du bleu, donne à ses œuvres une froideur cinématographique, un détachement presque spectral.

Ce bleu, souvent décliné en multiples nuances, agit comme un filtre, instaurant une distance avec le sujet tout en intensifiant l’atmosphère dramatique de la scène.

L’image est souvent scindée en plusieurs plans, créant des effets de superposition qui troublent la perception du spectateur. Le cadrage est précis, parfois resserré comme un zoom, parfois morcelé comme un montage, renforçant cette impression d’un monde éclaté, entre réalité et fiction. 

Loin de se limiter à une simple transcription du réel, Monory manipule ses images, les reconstruit, les déconstruit, introduisant des effets de flou ou de duplication qui viennent renforcer l’étrangeté de la composition.

Il emprunte aux codes du polar et du roman-photo, puisant dans une iconographie où la menace est latente, où l’instant semble figé avant ou après un drame. L’influence du cinéma est omniprésente : ses cadrages rappellent des plans de films noirs, ses jeux de lumière accentuent le caractère énigmatique des scènes qu’il représente.

Le miroir, le verre brisé, les reflets démultipliés viennent souvent renforcer cette mise en abyme du regard, où l’image semble toujours renvoyer à une autre. À travers cette esthétique froide et méthodique, Monory construit une œuvre qui capte l’œil autant qu’elle le trouble, oscillant entre fascination et inquiétude.

La vie de Jacques Monory

Jacques Monory (1924-2018) est un artiste français, peintre et sculpteur, dont l’œuvre s’inscrit dans la figuration narrative, en opposition aux recherches abstraites qui marquent encore son époque.

Formé à l’École des Arts appliqués de Paris en tant que peintre-décorateur, il affine son regard et sa technique durant dix ans chez l’éditeur d’art Robert Delpire, où il participe à la conception d’encyclopédies illustrées. 

Il expose pour la première fois en 1955 à la galerie Kléber. Dès lors, il s’attache à représenter un univers dominé par la violence et les angoisses contemporaines. La série Les Meurtres en est l’un des exemples les plus marquants.

Monory ne se contente pas de peindre la violence, il l’intègre physiquement à ses œuvres en y incorporant des impacts de balles tirées à même le support.

Dans Meurtre n°V, un miroir brisé reflète la scène, démultipliant l’image du spectateur, qui devient partie intégrante du tableau. L’œuvre oscille entre réalité et fiction, entre image et matière, plongeant celui qui la regarde dans un espace incertain. 

Son usage systématique de la monochromie accentue cette atmosphère oppressante. Il privilégie le bleu, déclinant ses nuances pour créer un monde irréel et glacé, où la distance entre l’image et l’émotion s’efface peu à peu.

Ses œuvres ne cherchent pas à provoquer un simple choc, mais à interroger notre rapport aux images et à leur emprise sur la conscience collective.

Focus sur Meurtre n°5, Jacques Monory

Dans Meurtre n°5, œuvre emblématique de Jacques Monory, l’artiste interroge une fois encore les frontières floues entre le quotidien et la violence, s’appuyant sur des codes visuels issus du cinéma noir.

La scène, baignée d’un bleu glacé, est construite comme un fragment d’un film suspendu dans le temps, un instant figeant la tension d’une agression en cours. L’homme, abattu sous une pluie de balles, est représenté dans un cadrage serré, comme si l’on assistait à la projection d’une image brisée.

Ici, les impacts de balle, disséminés dans la composition, font écho à des scènes de crime et à des récits sordides de films policiers, tout en inscrivant cette violence dans une abstraction où l’émotion est perçue non pas dans la figure, mais dans la composition elle-même.

Le choix de la monochromie est essentiel : l’artificialité du bleu, presque électrique, élimine toute chaleur humaine et plonge le spectateur dans une atmosphère froide et clinique.

Loin de simplement illustrer une scène violente, Monory fait de l’image une expérience sensorielle, un reflet d’un monde dont l’intensité dramatique est accentuée par les contrastes de lumière et d’ombre.

La violence ici n’est pas seulement visualisée, elle est vécue par la mise en scène, qui questionne directement la relation du spectateur avec l’image : comment cette image transforme-t-elle notre perception de la réalité ?

En manipulant les codes du cinéma, Monory dépasse la simple narration pour créer un espace où l’interprétation devient une démarche active, laissant à chacun le soin de déchiffrer l’énigme du tableau.

L’empreinte de Jacques Monory sur sa période

L’empreinte de Jacques Monory sur sa période se distingue par sa manière inédite de transposer des images modernes, souvent marquées par la culture populaire, dans une forme picturale singulière.

Dès le début des années 1960, il introduit une nouvelle approche, où la photographie, le cinéma et la publicité deviennent des points de départ essentiels pour ses compositions.

Comme le souligne William S. Rubin, « Monory a su assimiler la puissance de l’image populaire, tout en y injectant un sens du drame propre à son époque », notamment par l’utilisation exclusive du bleu, couleur qui devient la clé de voûte de son œuvre.

Dans ses tableaux, la lumière et l’ombre se jouent à travers un traitement minutieux de la surface picturale, marquant des contrastes violents qui accentuent l’intensité dramatique de ses scènes.

Cette manière de détourner les éléments visuels du quotidien pour en faire des représentations à la fois figées et mystérieuses témoigne de son exploration de la solitude et du passage du temps.

Leurs tonalités froides et leurs compositions tendues, où l’on retrouve des figures isolées dans des décors urbains ou intérieurs, se font l’écho d’une vision personnelle du monde, où la distanciation visuelle devient un moyen de questionner le rapport de l’homme à son environnement.

 Par cette démarche, Monory, tout en s’inscrivant dans le mouvement du Pop Art, ouvre une nouvelle voie, plus introspective et plus distante, sans toutefois se détacher des préoccupations esthétiques de son époque.

Les influences stylistiques de Jacques Monory

Les influences stylistiques de Jacques Monory s’ancrent dans une double tradition, à la croisée de la figuration narrative et d’une imagerie empruntée au cinéma et à la photographie.

Dès ses premières œuvres, il explore une esthétique qui doit autant aux cadrages incisifs du film noir qu’aux compositions fragmentées du photoreportage, transposant dans la peinture des effets de mise en scène propres aux médias visuels du XXe siècle.

Comme l’a souligné Germain Viatte, « Monory manipule l’image comme un monteur de film, découpant, recadrant, superposant des éléments pour en extraire une tension dramatique latente. »

Cette approche le rapproche de la photographie vernaculaire et du roman noir américain, où la figure humaine, souvent solitaire, se détache dans un environnement urbain saturé de signes.

Il puise également dans la tradition du monochrome, réduisant son spectre chromatique à des gammes dominées par le bleu, une teinte qu’il exploite comme vecteur d’étrangeté et de distanciation, à l’instar des effets de filtres cinématographiques.

Dans cette recherche, son travail dialogue avec les œuvres de Frantisek Kupka, Rémi Blanchard ou encore Vladimir Velickovic, tout en s’inscrivant dans une filiation plus ancienne, où la peinture d’histoire se réinvente à travers une narration morcelée et subjective.

En jouant sur la mémoire fragmentaire et la recomposition des images, Monory détourne ainsi les codes de la figuration pour créer une vision suspendue entre réalité et fiction.

Reconnaître la signature de l’artiste

Les œuvres de Jacques Monory ne sont pas toutes signées, et des copies peuvent exister. Voici un exemple de sa signature.

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