Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Jacques Villeglé

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Cote et valeur de l’artiste

Tout au long de sa carrière, Jacques Villeglé à beaucoup produit. Néanmoins, sa période la plus prisée commence à partir des années 60. Sa renommée internationale lui ouvre les portes de nombreux musées parisiens et New-Yorkais.

Aujourd’hui, Jacques Villeglé garde une cote élevée et s’impose comme une valeur sûre du marché de l’art.

Ainsi, une œuvre signée de la main de l’artiste peut atteindre des millions d’euros aux enchères, comme en témoigne son huile sur toile Boulevard Saint Martin, datant de 1959, adjugée 260 000€ en 2010, tandis qu’elle était estimée entre 150 000 et 200 000€.

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Style et technique de Jacques Villeglé

Jacques Villeglé, figure majeure du Nouveau Réalisme, a marqué l’histoire de l’art avec une approche résolument innovante fondée sur la récupération et la réinterprétation des affiches lacérées de l’espace public.

Il s’est imposé par sa technique du décollage, un procédé où les fragments d’affiches, déjà altérés par le temps et l’intervention humaine, sont prélevés directement sur les murs urbains.

Ces morceaux déchirés, arrachés à leur contexte d’origine, deviennent le point de départ d’une relecture visuelle, où chaque superposition ou déchirure raconte une histoire ancrée dans la mémoire collective.

Villeglé refuse toute intervention picturale directe, préférant laisser parler la matière brute des affiches. Les typographies, les couleurs saturées, les déchirures irrégulières et les traces d’usure deviennent les éléments constitutifs de ses compositions.

Ce choix radical donne à ses œuvres une force expressive unique, capturant l’énergie chaotique et vibrante des paysages urbains.

À travers ses décollages, il ne se contente pas de documenter son époque ; il transforme ces vestiges du quotidien en des œuvres d’art autonomes, où l’instinct et l’aléatoire occupent une place centrale.

La carrière de Jacques Villeglé

Dans l’univers de Jacques Villeglé, la ville elle-même devient atelier, lieu de création et d’expérimentation. Né en 1926 à Quimper, Villeglé s’engage dès les années 1940 dans une réflexion sur les mutations de l’espace urbain, qu’il considère comme une matrice d’images et de récits.

Très tôt, son regard se détourne des pratiques académiques pour explorer les dynamiques visuelles propres à la rue. Le choix de prélever les affiches lacérées, abandonnées à la contingence des gestes anonymes et à l’érosion du temps, s’impose comme une évidence.

Ce geste initial, apparemment simple, opère une relecture radicale de l’œuvre d’art : la matière trouvée devient texte, texture, empreinte d’une société en mouvement.

C’est à Paris, en 1949, que Villeglé élabore son langage artistique, aux côtés de Raymond Hains, avec qui il signe les premiers décollages.

Ces travaux fondateurs ne sont pas des reproductions de la réalité, mais des condensés d’une mémoire collective en perpétuelle transformation, où se mêlent traces publicitaires, slogans politiques et interventions accidentelles.

Loin d’une démarche purement iconographique, Villeglé revendique une esthétique du fragment, où chaque déchirure, chaque superposition, dessine un territoire visuel autonome.

À travers cette approche, l’artiste inscrit sa pratique dans le courant du Nouveau Réalisme, tout en affirmant son indépendance face aux cadres théoriques figés.

Ce que Villeglé initie dans les années 1950 n’est pas seulement une révolution plastique, mais un manifeste silencieux pour l’inscription de l’éphémère dans l’histoire de l’art.

Focus sur Rue des Halles, Jacques Villeglé, 1961

Dans Rue des Halles (1961), Jacques Villeglé condense en une surface unique les tensions visuelles de l’espace urbain de l’après-guerre, où les affiches publicitaires et politiques, déjà mutilées par le temps ou par des passants anonymes, deviennent des vestiges d’une époque.

Ici, la matière lacérée s’organise en une stratification chaotique, où fragments de typographies criardes, couleurs saturées et déchirures abruptes cohabitent dans un équilibre précaire.

La composition, bien qu’apparemment aléatoire, témoigne d’une maîtrise intuitive de l’espace. Chaque déchirure, chaque éclat de papier arraché évoque une violence latente, une lutte entre le geste de destruction et celui de préservation.

Ce contraste confère à l’œuvre une qualité vibrante, presque sonore, comme si l’agitation de la rue s’y reflétait encore. Les lettres tronquées et les images fragmentées deviennent des symboles d’un langage éclaté, où la communication se mêle à l’abstraction.

"Rue des Halles" dépasse la simple collecte d’un matériau trouvé : elle transforme l’ordinaire en objet de contemplation, redéfinissant les frontières de l’art.

Dans cet assemblage, Villeglé interroge le rapport entre la mémoire collective et l’obsolescence des messages, révélant une poésie brute et singulière dans l’éphémère de l’espace public.

Jacques Villeglé et le Nouveau Réalisme

Jacques Villeglé, figure centrale du Nouveau Réalisme, a introduit une rupture radicale dans le paysage artistique des années 1950.

Au-delà de la simple collecte d'objets ou de matériaux, il a proposé une réflexion profonde sur la manière de lire la ville et l’espace public comme sources d’inspiration et de transformation.

En se réappropriant les affiches déchirées, lacérées par le temps et l’anonymat, Villeglé a façonné un langage visuel où les fragments d’un monde en constante évolution deviennent les témoins d’une époque.

Son travail, inscrit dans une recherche à la fois sociale et esthétique, a fait du déchiré, du fragmenté, du processus accidentel un véritable mode d’expression.

Les affiches arrachées et récupérées, présentées comme des œuvres d’art, questionnent la consommation, la politique et les idéologies, offrant une lecture critique de la société urbaine.  

Il n'est pas surprenant que ses recherches aient trouvé des échos parmi d'autres artistes du Nouveau Réalisme, qui partageaient la volonté de détourner les objets du quotidien, de les transformer en art et d’interroger ainsi leur place dans la culture populaire.

Arman, par exemple, dont la pratique des accumulations d'objets et des "coupes" de matériaux trouvés résonne avec la démarche de Villeglé, en particulier dans la mise en valeur du déchet et de l’ordinaire.

Yves Klein, avec son utilisation de la couleur et sa recherche d’un art total, a également influencé Villeglé, bien que leurs approches diffèrent ; tandis que Klein s'intéressait à l'invisible, Villeglé, lui, privilégiait l'expression de l’oublié, du fragmentaire.

Raymond Hains, son complice dans les premiers décollages, a partagé cette même vision de l'art comme une forme de lecture du monde, en explorant le rapport entre les signes et leur contexte.

D’autres artistes abstraits en France comme Hans Hartung ou Jean Dewasne ont partagé ces mêmes problématiques.

Le Nouveau Réalisme, dont Villeglé fait partie, ne se limite pas à une simple rébellion esthétique ; il s’agit d’une volonté de réinventer la relation entre l’art et la société, de se défaire des conventions et d’explorer les limites de la représentation.

Ses œuvres ont ouvert la voie à une pratique qui, en captant l’éphémère, le fragmentaire et le quotidien, a bouleversé la définition même de l’objet d’art. ¡m

Par son influence, Villeglé a permis de faire tomber les frontières entre l’art et la vie, une rupture qui, aujourd'hui encore, inspire des artistes à repenser notre environnement visuel. 

L’empreinte de Jacques Villeglé sur son époque

L’héritage de Jacques Villeglé s’inscrit dans une redéfinition profonde des frontières artistiques, où le geste créatif ne réside plus dans l’élaboration ex nihilo mais dans la sélection et l’appropriation.

Ses affiches lacérées, fragments arrachés à l’effervescence de la ville, imposent une nouvelle lecture du quotidien comme matériau esthétique.

Cette approche, qui transcende les catégories traditionnelles, a ouvert la voie à des pratiques contemporaines explorant les tensions entre art et société, entre le trivial et le sacré. 

À travers son travail, Villeglé a insufflé une réflexion sur l’éphémère et la mémoire, réconciliant destruction et création dans une même dynamique. Il a donné à voir une ville vivante, en perpétuel changement, où chaque déchirure porte la trace d’un temps révolu.

Son influence, palpable chez les artistes travaillant avec les médias ou les objets trouvés, témoigne d’une actualité constante, faisant de lui un acteur essentiel de l’art du XXe siècle, dont l’impact résonne encore dans les pratiques d’aujourd’hui.

Sa signature

Les œuvres de Jacques Villeglé ne sont pas toutes signées.

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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