Cote et valeur des tableaux, dessins, peintures de Lovis Corinth

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Cote et valeur de l’artiste

Sur le marché de l’art, la cote de Lovis Corinth est extrêmement élevée. Ses œuvres les plus prisées sont ses toiles surréalistes, qu’il s’agisse de portraits ou de paysages.

L’artiste est particulièrement prisé parmi les peintres et dessinateurs allemands du XXème siècle. Ainsi, le prix auquel se vendent les œuvres de Lovis Corinth s’échelonne entre 10 et 1 120 000€ aux enchères.

Son tableau Walschensee, wish rising moon (huile sur toile), datant de 1922, a été adjugé 1 120 000€, tandis qu’il était estimé entre 640 000 et 950 000€. 

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Style et technique de Lovis Corinth  

Le style de Lovis Corinth mêle audace et maîtrise technique, reflétant une transition fluide entre le naturalisme académique et les élans expressifs de l’art moderne.

Formé dans la tradition rigoureuse des Beaux-Arts allemands, Corinth adopte d’abord une approche réaliste et détaillée, marquée par des compositions harmonieuses et un traitement précis de la lumière.

Cependant, ses œuvres évoluent rapidement, intégrant des touches plus libres, presque impulsives, qui préfigurent l’expressionnisme.

Il excelle dans l’art du portrait, où il capte non seulement les traits physiques mais aussi la profondeur psychologique de ses sujets, jouant sur des contrastes subtils et des textures vibrantes.

Ses natures mortes et scènes de genre, riches en couleur et en mouvement, témoignent d’une maîtrise du pinceau qui conjugue énergie et précision.

Influencé par l’impressionnisme, il explore des palettes audacieuses et des coups de pinceau dynamiques, insufflant une vitalité presque tactile à ses compositions.

La technique de Corinth repose sur des couches successives de peinture, jouant avec l’épaisseur et la transparence pour créer une profondeur visuelle saisissante.

Après une attaque cérébrale en 1911, son style devient plus spontané et intense, traduisant une urgence émotionnelle et une vision plus subjective.

À travers cette évolution stylistique, Lovis Corinth défie les conventions tout en restant ancré dans une tradition picturale solide, affirmant son rôle de pont entre les courants classiques et les expérimentations modernistes.

La vie de Lovis Corinth  

Lovis Corinth, né en 1858 à Tapiau, en Prusse-Orientale, s’inscrit parmi les peintres allemands les plus marquants de la transition entre le XIXᵉ et le XXᵉ siècle.

Fils d’un tanneur, il grandit dans un environnement modeste, mais montre très tôt un don pour l’art. Il se forme d’abord à l’Académie des Beaux-Arts de Königsberg, où il acquiert une solide maîtrise académique.

Aspirant à de nouveaux horizons, il rejoint Munich, bastion de l’avant-garde artistique allemande, avant de poursuivre sa quête à Paris, à l’Académie Julian.

Là, il découvre l’impressionnisme et l’effervescence des milieux artistiques français, des influences qui enrichiront son style sans jamais le détourner totalement de ses racines germaniques.

En 1901, Corinth s’installe à Berlin, où il devient une figure de proue de la Sécession berlinoise. Il épouse peu après Charlotte Berend, son élève, qui deviendra à la fois sa muse et un soutien indéfectible.

Mais un événement tragique en 1911 bouleverse sa trajectoire : une attaque cérébrale le laisse partiellement paralysé.

Contre toute attente, il reprend les pinceaux, transformant cette épreuve en force créatrice. Ses œuvres de cette période, empreintes d’une grande intensité émotionnelle, révèlent un artiste en quête de profondeur et de vérité.

Jusqu’à sa mort en 1925, Corinth reste fidèle à son engagement pour l’art, mêlant académisme et audace moderne. Sa carrière témoigne d’un parcours résolument individuel, marqué par une capacité unique à sublimer les défis de la vie à travers la peinture.

Focus sur Le Dormeur, Lovis Corinth, 1911

Dans Le Dormeur (1911), Lovis Corinth opère une fusion saisissante entre la lumière et l’ombre, capturant avec une intensité rare à la fois la beauté fragile et la vulnérabilité du corps humain.

La touche, volontairement brutale et dynamique, ne se contente pas de suggérer la texture de la peau endormie, mais accentue également l’émotion qui se dégage de la scène.

La palette de couleurs, oscillant entre des tons chauds et froids, entrelace harmonieusement calme et agitation, instaurant une tension que l’on retrouve dans chaque recoin du tableau.

Cette opposition chromatique semble un dialogue silencieux entre la paix de l’instant et la turbulence intérieure qui trouble le sommeil.

Il est impossible de ne pas percevoir dans ce travail un écho de l’œuvre de Rembrandt, particulièrement dans le traitement de la lumière sur la peau du modèle, qui semble presque transpercer la toile, conférant à l’œuvre une dimension intime et sacrée.

Cependant, à la différence du maître hollandais, dont les ombres étaient souvent porteuses d’un symbolisme profond, Corinth les utilise ici non pas pour suggérer une introspection mystique mais pour souligner la sensualité pure et la fragilité de l'instant, jouant avec la lumière pour magnifier la forme.

Cette approche audacieuse s’affranchit des conventions de ses contemporains comme Max Liebermann, dont la lumière demeure plus diffuse et douce, et introduit un réalisme plus brut, presque dramatique, qui entre en résonance avec les turbulences de l’époque.

On perçoit dans cette œuvre un prélude à une forme de modernité picturale, dans laquelle la facture se veut dénuée d’artifice, imprégnée de l’énergie et de la vérité brute du monde.

Lovis Corinth, tout en s’inspirant de traditions classiques, parvient à réinterpréter ces influences de manière radicale, insufflant une vitalité nouvelle, plus expressive et dénuée de toute retenue.

La composition semble en constante évolution, un mouvement subtil où la toile elle-même semble vibrer sous la tension des contrastes et la puissance du geste.

L’héritage de Lovis Corinth

L’héritage de Lovis Corinth s'inscrit dans une évolution picturale marquée par une forte singularité, une quête d'expression pure qui s'affranchit des règles esthétiques préexistantes pour embrasser la force brute de la matière et de l'émotion.

Sa capacité à fusionner l'impulsion romantique, caractéristique de ses premières œuvres, avec un modernisme naissant, a ouvert la voie à de nouvelles formes d'art où la passion débridée du peintre se met au service d'une exploration sans compromis de l'intensité humaine.

Son influence est palpable dans le travail de nombreux artistes allemands du début du XXe siècle, notamment ceux du mouvement expressionniste, qui, à l'instar d'Ernst Ludwig Kirchner ou de Emil Nolde, ont cultivé une liberté de gestuelle et un sens du pathos proche de celui de Corinth, tout en poussant plus loin l'expression du moi intérieur.

Là où Corinth privilégiait un équilibre entre la figuration et l'élévation de la lumière, ses successeurs vont embrasser un abandon total de la forme au profit de la couleur et de la déformation.

Le peintre a également marqué son époque par son approche de la lumière, qu'il a traitée comme un élément dynamique et changeant, influençant non seulement les peintres expressionnistes, mais aussi certains de ses contemporains impressionnistes, qui se retrouvaient dans sa façon d'utiliser la lumière comme moyen de suggérer plus que de définir.

Par sa capacité à transcender les genres et les techniques tout en restant profondément ancré dans l'expression de la vérité humaine, Corinth s’est imposé comme un point de passage essentiel entre les dernières éclats du XIXe siècle et la puissance créative du XXe.

La place de Lovis Corinth dans la peinture allemande au XXème siècle

Lovis Corinth, dans sa quête d'expression intense et de puissance visuelle, se positionne en pont entre les siècles, balayant les frontières de son époque. Il s'éloigne de l'usage académique de la peinture tout en restant ancré dans des formes classiques.

Influencé par des maîtres comme Rembrandt, il ajoute à ses compositions une dimension profondément émotionnelle, où chaque coup de pinceau semble un cri, un éclat de vérité intérieure.

Ses portraits et nus, qu’il traite avec une audace qui lui est propre, sont empreints de cette brutalité expressive que l’on retrouve chez des artistes comme Max Beckmann ou Max Oppenheimer, sans toutefois céder à l’abstraction pure.

Tout comme eux, Corinth s'inspire des souffrances humaines, mais son approche reste ancrée dans un réalisme figuratif, où l’élan vital semble naître directement du pinceau.

Ce n'est pas une volonté d'innovation radicale qui guide son œuvre, mais une recherche de vérité brute, parfois acerbe, qui se nourrit de la tension entre l'éclat de l'impressionnisme et l'audace de l'expressionnisme.

Le résultat : une œuvre viscérale, souvent à la limite de la violence, dans laquelle la lumière, les ombres et les couleurs sont autant d'outils pour déconstruire la façade du quotidien.

C’est cet entre-deux, ce refus de se soumettre aux modes, qui permet à Corinth de se distinguer, à la fois héritier et précurseur, entre les artistes plus radicalement tournés vers l’abstraction, et ceux, comme Emil Nolde ou Georg Baselitz, qui s'engouffreront plus tard dans une vision plus sombre et plus politisée de la société. 

Sa signature

Même s’il y existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature :

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