Cote et valeur des tableaux et dessins de Baya Mahieddine

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Cote et valeur de l’artiste

Artiste algérienne, Baya Mahieddine a su convaincre les critiques, les marchands et les collectionneurs d’art de son époque. Depuis, les œuvres de l’artiste s’imposent comme des valeurs sûres du marché de l’art.

À partir des années 2000, sa cote explose et affiche une progression stable, notamment pour ses œuvres réalisées à partir des années 50.

Ainsi, le prix auquel se vendent les œuvres de Baya Mahieddine s’échelonne entre 80 et 112 000€. En 2022, une gouache sur papier datant de 1950 intitulée Femmes et enfants autour d’une petite table a été adjugée 112 000€, tandis qu’elle était estimée entre 15 000 et 20 000€, soit plus de 500% le prix de l’estimation haute.

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Les œuvres et le style de l’artiste

Baya Mahieddine développe un langage plastique d’une étonnante liberté, où la couleur et le motif s’entrelacent dans une célébration onirique du monde féminin.

Son œuvre, instinctive et foisonnante, échappe aux classifications habituelles, oscillant entre figuration et vision symbolique.

Chaque composition s’organise autour d’une profusion d’arabesques et de motifs végétaux, déployés dans une gamme chromatique éclatante où dominent les bleus profonds, les jaunes solaires et les rouges vibrants.

La ligne souple et fluide structure des silhouettes hiératiques, souvent féminines, reines ou musiciennes figées dans un rituel intemporel.

Loin des principes académiques, Baya compose selon une logique intérieure, à la manière des peintres autodidactes, donnant à ses figures une présence presque incantatoire.

Le fond, saturé de motifs, abolit toute perspective traditionnelle, transformant chaque scène en un espace de rêve, peuplé d’oiseaux, de fleurs et d’instruments de musique.

Par cette approche, elle inscrit son œuvre dans une filiation qui, sans être pleinement surréaliste, en partage l’esprit de liberté et d’invention, offrant une vision du monde où l’ornement devient le support d’une narration intime et mythologique.

Baya Mahieddine, sa vie, son œuvre

Fatma Haddad, plus connue sous le nom de Baya Mahieddine (1931-1998), est une artiste algérienne qui a marqué l’art moderne français et européen.

Elle perd ses deux parents à l’âge de cinq ans et est plus tard embauché comme servante par Marguerite Camina Benhoura, grâce à laquelle elle met un pied dans le monde de l’art.

Baya commence à produire des œuvres très tôt, tant en sculpture qu’en peinture et en dessin, même si on trouve moins les deux premiers médiums sur le marché des enchères.

Elle se fait un nom très tôt puisqu’elle est remarquée à l’âge de 16 ans par Aimé Maeght, collectionneur et galeriste français, qui est séduit par son talent.

Grâce à lui, elle se fait connaître et exposer en France dès les années 40 et prend le nom de Baya, puis de Baya Mahieddine, sous lequel elle est aujourd’hui connue dans le marché de l’art.

Elle a l’occasion d’exposer avec des artistes surréalistes – André Breton la qualifiera de reine. Cependant, Baya a toujours refusé d’entrer dans un courant et de mettre une étiquette sur ses œuvres.

Véritable source d’inspiration pour de nombreux artistes, dont les plus grands maîtres comme Picasso et Matisse, Baya est photographiée en 1948 devant ses tableaux par Vogue, propulsant ainsi sa célébrité au-delà du monde de l’art.

Dans les catalogues d’exposition ou elle apparaît, Breton, au-delà de la qualifier de reine, d’écrit son œuvre comme un monde musulman « scandaleusement asservi ».

En parallèle, elle passe plusieurs mois à travailler la céramique en Provence avec Picasso. Peu des œuvres produites durant cette période sont passées en vente aux enchères, mais le fruit de cette collaboration laisse deviner un fort potentiel de résultat.

Sa postérité est telle qu’une exposition lui étant consacrée, intitulée « Woman of Algiers » lui a été consacrée à New-York afin de lui rendre hommage. La galerie Maeght expose toujours certaines de ses œuvres et une exposition lui a été consacrée à l’Institut du Monde arabe en 2023.

Son art, parfois qualifié de « tribal », la rapproche nettement de Picasso, qui s’est inspiré des éléments de l’art primitif afin de construire ses premiers tableaux cubistes.

Focus sur Femmes au perroquet, Baya Mahieddine

Dans Femmes au perroquet (collection particulière), Baya Mahieddine élabore une composition où la ligne, souple et continue, définit des figures féminines aux contours stylisés, inscrites dans un espace saturé de motifs floraux et de volutes décoratives.

Le traitement des formes, simplifié jusqu'à l'essentiel, rappelle les miniatures persanes autant que les aplats cloisonnés de la céramique traditionnelle.

Le perroquet, élément récurrent dans son iconographie, se détache sur un fond où l’ornementation se substitue à toute perspective, abolissant la distinction entre figure et décor. La couleur, franche et posée en larges plages uniformes, joue un rôle structurant : les bleus profonds, les ocres intenses et les rouges éclatants instaurent un dialogue chromatique où l’absence de modelé renforce la frontalité du sujet.

À la croisée de l’imaginaire populaire et d’une réinvention moderne de la tradition, l’œuvre s’inscrit dans une démarche où la narration cède le pas à une célébration du motif, portée par un langage pictural affranchi de toute contrainte illusionniste.

L’empreinte de Baya Mahieddine sur son époque

Baya Mahieddine impose, dès son apparition sur la scène artistique en 1947, une vision singulière qui s’écarte des courants dominants tout en dialoguant avec les avant-gardes.

Son œuvre, immédiatement saluée par André Breton, s’inscrit dans une relecture du primitivisme qui échappe aux poncifs orientalistes alors en vogue.

À rebours des expérimentations cubistes et de l’abstraction lyrique qui marquent l’après-guerre, elle développe un langage pictural où la couleur et l’ornementation prévalent sur toute construction illusionniste.

Son influence se mesure à l’aune des artistes du Maghreb et de la diaspora, qui trouvent dans son travail un modèle d’affirmation identitaire et une revendication esthétique affranchie du regard occidental.

Dans le contexte de la décolonisation, ses compositions saturées de motifs floraux et de figures féminines affirment une poétique de l’imaginaire qui dépasse les clivages culturels et inscrit la peinture algérienne dans une dynamique où mémoire et modernité se conjuguent.

Les influences stylistiques de Baya Mahieddine

Baya Mahieddine développe, dès ses premières œuvres, un langage plastique qui puise à des sources multiples, tout en demeurant irréductible à une seule filiation.

L’influence de la miniature persane et maghrébine se manifeste dans l’agencement minutieux des motifs floraux et des figures féminines, où l’absence de perspective linéaire favorise une approche ornementale du plan pictural.

Cette structuration, qui évoque la tradition des enluminures et des céramiques berbères, trouve un écho dans son usage des couleurs éclatantes, appliquées en aplats sans dégradés, à la manière des tissus brodés et des mosaïques qui peuplent son imaginaire.

Si l’on perçoit, dans la stylisation des silhouettes et des éléments végétaux, un rapprochement possible avec le travail de Matisse, la peinture de Baya s’éloigne du fauvisme par sa logique d’accumulation et sa répétition obsessionnelle des motifs, qui l’inscrivent davantage dans une pensée décorative proche de l’art populaire.

Par ailleurs, sa rencontre avec le cercle surréaliste en 1947, sous l’impulsion d’André Breton, inscrit son œuvre dans une dimension où le merveilleux se conjugue à une expressivité brute, en écho aux recherches d’un Klee, d’un Miro ou d’un Ernst.

Toutefois, Baya ne cède ni à l’automatisme ni à la fragmentation du sujet, privilégiant au contraire des compositions denses, où l’arabesque et le motif floral forment un réseau ininterrompu.

Son approche de la figuration, qui refuse le réalisme au profit d’une stylisation radicale, anticipe les recherches des artistes du postmodernisme maghrébin, tout en s’ancrant dans une sensibilité qui relève autant de l’héritage traditionnel que d’une vision éminemment personnelle.

Ainsi, son œuvre, loin d’être un simple syncrétisme, témoigne d’un dialogue subtil entre mémoire visuelle et invention formelle, conférant à sa peinture une autonomie esthétique qui la distingue dans le paysage artistique du XXe siècle.

Sa signature

Les œuvres de Baya Mahieddine ne sont pas toutes signées, et il existe des copies.

Un exemple de sa signature est visible sur le dessin ci-dessous.

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