Valeur et cote des oeuvres, tableaux d'Alexandre Roubtzoff

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À ce jour, Auctie’s est la maison de vente aux enchères qui a vendu le plus de tableaux de l’artiste. Deux tableaux présentés à la vente en avril 2024 ont fait sensation, attirant de nombreux enchérisseurs du monde entier.

Qu’il s’agisse de portraits, comme celui de Marie-Madeleine Leroy, adjugé 60 000€, ou encore le Portrait d’Arbia, adjugé 120 000€, ou de paysages comme La mosquée Sidi Makhlouf, adjugé 13 500€, les tableaux de Roubtzoff sont plus que jamais cotés sur le marché des enchères français.

Cote et valeur de l’artiste

Peintre russe et orientaliste majeur, Alexandre Roubtzoff s’impose comme une valeur sure du marché de l’art. Fort de ses origines et de ses techniques de peinture russes, Roubtzoff a parcouru le monde et représenté des paysages éloignés de sa terre natale, ce qui rend son travail et sa démarche artistique absolument uniques.

Aujourd’hui, ses œuvres sont appréciées et très recherchées en salle des ventes. Ainsi, une œuvre signée Roubtzoff peut être adjugée des centaines de milliers d’euros aux enchères, son huile sur toile Bédouine de Tunis a été vendue 350 000 € en 2010. 

Ordre de valeur allant du plus basique au plus prestigieux

Le travail orientaliste de Roubtzoff

Admiré pour ses paysages et ses portraits orientalistes, Alexandre Roubtzoff débute par la peinture de paysages postimpressionnistes, influencés par les couleurs vibrantes et les jeux de lumière caractéristiques de ce courant.

Attiré par les atmosphères envoûtantes de Tunis, l’artiste va rapidement s’inscrire dans le courant de l’orientalisme, dont le chef de file est Jean-Léon Gérôme.

Ce dernier inspire Roubtzoff dans sa quête d’une représentation authentique de l’Orient, bien que Roubtzoff prenne soin de ne pas sombrer dans l'exotisme outrancier.

Roubtzoff se considère lui-même comme un orientaliste "ethnographique", c’est-à-dire qu’il a pour vocation de représenter l’Orient avec la plus grande véracité possible, loin des paysages idéalisés souvent proposés par ses contemporains.

Les traditions de l'Orient, avec leurs coutumes ancestrales et leurs scènes de vie quotidienne, deviennent ainsi le fil conducteur de ses œuvres. À travers son pinceau, c’est une véritable chronique des modes de vie locaux qu'il dépeint, capturant l'essence même de ces cultures, sans embellissement superflu.

Les peintures de Roubtzoff sont lumineuses, habitées par une atmosphère palpable qui témoigne de son séjour prolongé en Tunisie. Son travail se distingue par le contraste subtil qu’il crée entre ombres et lumières, une maîtrise qui lui vaut, en 1920, le surnom de "peintre de la lumière" par Alexandre Fichet lors du Salon Tunisien.

Ce jeu d’éclairage confère à ses œuvres une dimension presque tactile, où les textures de la pierre, des étoffes, et de la peau semblent vibrer sous le soleil méditerranéen.

Son répertoire, riche et varié, ne se limite pas à la peinture à l’huile. Roubtzoff produit également de nombreux dessins et aquarelles, souvent centrés sur des scènes de genre ou des portraits. Il excelle dans la représentation des visages et des corps, dont il capture avec précision les expressions et les postures.

L'artiste a par ailleurs réalisé des études et “académies”, terme désignant une étude minutieuse de la morphologie, détails et musculature de modèles masculins en général, démontrant ainsi son habileté dans l’observation anatomique.

Ces œuvres traduisent une approche presque scientifique de son art, où chaque ligne, chaque ombre, est étudiée avec soin pour mieux restituer la beauté de l’humain et du monde qui l’entoure.

La formation d’Alexandre Roubtzoff

Alexandre Roubtzoff naît en 1884 à Saint-Pétersbourg, au cœur d’une Russie impériale où l’art occupe une place prépondérante. Dès son plus jeune âge, il est soutenu par sa tante, une figure influente dans sa vie, qui reconnaît son talent précoce et l’encourage à suivre une formation artistique rigoureuse.

Le jeune garçon, passionné et appliqué, ne tarde pas à attirer l'attention de ses professeurs, qui voient en lui une promesse pour l’avenir de la peinture russe.

En 1904, à seulement vingt ans, Alexandre Roubtzoff est admis à l'Académie Impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, l’une des institutions les plus prestigieuses de l’époque. Cette académie, réputée pour la rigueur de ses enseignements, lui offre une formation complète et diversifiée, nourrie par les grandes traditions artistiques russes et européennes.

Roubtzoff y étudie l’art sous toutes ses formes, des bases du dessin académique à la peinture d’histoire, en passant par l’étude des grands maîtres. Ce cadre d’enseignement strict mais fécond lui permet de développer un style éclectique et personnel, empruntant à diverses influences tout en façonnant sa propre voie.

Durant ces années formatrices, il se dote de solides compétences artistiques et techniques. Le maniement du pinceau, la maîtrise des ombres et des lumières, ainsi que la composition des scènes complexes deviennent rapidement ses points forts.

Ses professeurs lui inculquent également l’importance du détail et de l’observation minutieuse, des qualités qui marqueront son œuvre future.

Roubtzoff, tout en perfectionnant son savoir-faire, apprend à explorer des horizons variés, à la fois thématiques et stylistiques, ce qui lui permettra, plus tard, de s’adapter à différents environnements culturels et géographiques, notamment celui de la Tunisie qui deviendra sa terre d’adoption.

Focus sur le Portrait d’Arbia, Alexandre Roubtzoff

Le tableau Portrait d'Arbia d’Alexandre Roubtzoff est une œuvre saisissante qui témoigne de son talent pour capturer l’essence et l’âme de ses sujets. Peint avec une délicatesse certaine, ce portrait de femme, probablement issu de la population locale tunisienne, incarne à merveille la maîtrise de l’artiste dans le traitement de la lumière et de la texture.

Ici, la représentation réaliste d’Arbia se distingue par un rendu détaillé des vêtements traditionnels ornés de motifs et d’éléments décoratifs, témoignant à la fois du respect de Roubtzoff pour les cultures locales et de son souci d'authenticité.

En analysant cette œuvre, on ne peut s’empêcher de penser aux portraits féminins réalisés par des artistes orientalistes tels que Émile Deckers ou Benjamin-Constant, qui eux aussi cherchaient à sublimer la figure féminine tout en explorant l’exotisme de l’Orient.

Cependant, là où certains de ses contemporains pouvaient succomber à l'idéalisation ou à une forme de fantasme colonial, Roubtzoff se distingue par une approche plus intime et humaniste. Le regard d’Arbia, direct et empreint d’une certaine mélancolie, semble traduire une véritable interaction entre l’artiste et son modèle, un échange silencieux qui donne vie au portrait.

Comme Delacroix, Roubtzoff parvient à traduire la richesse des couleurs et des tissus orientaux tout en préservant une forme de sobriété dans la composition. Le fond minimaliste, ici neutre et dépouillé, met en exergue la figure centrale, accentuant ainsi l'intensité du regard d’Arbia et la noblesse de sa posture.

Enfin, le choix des couleurs, entre les rouges, les roses et les noirs, semble presque symbolique.

Le foulard coloré et les vêtements aux broderies scintillantes sont une véritable célébration des traditions vestimentaires locales, et l’artiste fait preuve ici d’une attention minutieuse aux détails qui ancrent Arbia dans un cadre à la fois personnel et culturel.

Ce portrait, bien que respectant les codes de l'orientalisme, se démarque par une dimension plus introspective, où le modèle n’est pas simplement un objet d’étude exotique, mais un être vivant, complexe et profondément humain.

L'empreinte de Roubtzoff sur son époque

Peintre orientaliste d’origine russe, Alexandre Roubtzoff est reconnu et admiré pour ses représentations fidèles des paysages et des scènes de la vie quotidienne en Tunisie, ainsi que pour ses portraits de la société coloniale orientaliste.

Contrairement à bon nombre de ses contemporains, qui idéalisaient souvent les décors et les populations dans un style emprunt d'exotisme, Roubtzoff se distingue par son souci constant d’authenticité.

Plutôt que de se contenter de visions stéréotypées, il s'efforce de s'immerger pleinement dans l'environnement qu'il peint, cherchant à capturer l'âme des lieux et des gens avec un respect profond pour leurs traditions et leurs réalités.

Ses œuvres, qu’il s’agisse de peintures, de dessins ou d’aquarelles, constituent ainsi un précieux témoignage de la richesse de la création artistique à Tunis durant l’entre-deux-guerres, période de grande effervescence culturelle.

En 1912, Roubtzoff reçoit la consécration de sa formation artistique avec l’obtention du prestigieux Prix de Peinture de l'Académie Impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Cette distinction, symbole de son immense talent, lui ouvre les portes d’un monde plus vaste grâce à une bourse de voyage de quatre ans.

Son périple débute en Espagne, où il est immédiatement frappé par la beauté saisissante de l’Andalousie. La lumière, les couleurs et l’architecture de cette région éveillent en lui une fascination profonde pour l’Orient, nourrissant son désir de poursuivre son exploration vers d'autres terres ensoleillées.

Ses pérégrinations le conduisent à traverser plusieurs contrées orientales, mais c'est finalement la Tunisie, en 1915, qui capte son cœur et devient sa terre d’élection. Séduit par les contrastes et la diversité des paysages, il s'y installe définitivement, trouvant dans ce pays un terrain fertile à son expression artistique.

Malgré son attachement indéfectible à la Tunisie, Roubtzoff reste profondément lié à la France. Il se rend régulièrement à Paris, centre névralgique de la scène artistique européenne, où il participe à des événements de grande envergure.

En 1922, il est ainsi présent à l'Exposition coloniale de Marseille, où son travail est salué, ainsi qu’au prestigieux Salon d'Automne à Paris, qui consacre les plus grands noms de la peinture moderne. Sa double appartenance à ces deux mondes, tunisien et français, reflète la richesse de son parcours artistique.

Ce va-et-vient entre deux cultures culminera en 1924 lorsqu’il obtient la nationalité française, acte symbolique qui scelle définitivement son lien avec son pays d'adoption.

Alors que la peinture orientaliste, triomphante au XIXème siècle, commence à perdre de son éclat au milieu du XXème siècle, notamment après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Roubtzoff reste l’une des figures marquantes de ce mouvement.

Il continue, à travers ses œuvres, à capturer l’Orient tel qu’il l’a perçu et vécu, offrant ainsi une vision unique, empreinte d’une sincérité qui fait encore aujourd’hui la force et l’originalité de son travail. 

Sa signature

Les œuvres de Roubtzoff ne sont pas toutes signées.

Comme tout artiste, il existe des variantes, voici un premier exemple de sa signature au bas de ce tableau signé et daté.

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